70 ans après la libération des dernières familles nomades internées, le chef de l'Etat a reconnu que "dans ce drame, la responsabilité de la France est grande".

29 octobre 2016 – Huffington Post - (voir la vidéo)

Par Alexandre Boudet

HISTOIRE - "La République reconnaît que sa responsabilité est grande dans ce drame." A l'occasion d'un hommage national aux Tsiganes internés pendant la Seconde guerre mondiale, François Hollande a fait un pas décisif dans la reconnaissance du drame qu'ont subi les populations nomades. Exactement 70 ans après la libération des dernières familles, le président de la République s'est rendu, samedi 29 octobre, à Montreuil-Bellay (Maine-et-Loire) qui était l'un des plus importants camps d'internement. L'un des seuls duquel il reste des vestiges.
Durant la Seconde guerre mondiale, 500.000 tziganes ont été tués et environ 6500 ont été enfermés en France dans l'un des 31 camps gérés par les autorités françaises. C'est la responsabilité de la France dans ces agissements que François Hollande a donc dénoncé (
voir la vidéo ci-dessus).
Il conclut un processus entamé en juillet 2010, par celui qui était alors secrétaire d'Etat aux Anciens combattants. Hubert Falco avait évoqué cette responsabilité lors d'une "Journée nationale de la mémoire des victimes des crimes racistes et antisémites de l'État français". "Le jour est venu et il fallait que cette vérité soit dite", a insisté le président de la République.


"Un pays est toujours plus grand quand il reconnaît son histoire et qu'il fait une place à tous ses citoyens", a ajouté François Hollande qui a chaleureusement remercié "toutes les voix qui ont brisé le silence pour que cette histoire soit redécouverte". Parmi elles se trouve Jacques Sigot, un instituteur féru d'histoire locale, qui, au milieu des années 80 est tombé par hasard sur les vestiges de l'ancien camp. Son livre, "Ces barbelés que découvre l'Histoire", contribuera largement à faire sortir de l'oubli les persécutions des Tsiganes et inspirera Tony Gatlif pour son film "Liberté".

La fin annoncée du livret de circulation

François Hollande a profité de la cérémonie avec des survivants et des proches pour évoquer l'avenir de ces personnes nomades. Il a soutenu les dispositions contenues dans la loi Egalité et citoyenneté pour "faire de ces personnes des citoyens comme les autres, des Françaises et des Français à part entière". Le texte dispose notamment que les nomades n'auront plus à fournir de livret de circulation, dont le Conseil constitutionnel a dit qu'il était contraire à la Constitution.

La loi, votée en 1969, oblige les gens du voyage à détenir un cahier sous peine d'amende. Elle les oblige aussi à choisir une commune de rattachement dans laquelle ils peuvent voter, se marier…


Source : Le HuffPost - Le 29/10/2016