Bien que la Belgique et les départements Nord et Pas-de-Calais formaient alors une entité (la « Zone rattachée à Bruxelles »), la frontière entre la Belgique et la France est restée en place, où les allées et venues entre les deux pays étaient strictement contrôlés. Comme cela se passait alors dans de nombreux pays d’Europe de l’Ouest, les étrangers, Tsiganes et apatrides se voyaient régulièrement refoulés à la frontière.


« L’incident du Bizet au poste frontière d’Armentières en est l’illustration pour les Tsiganes voulant quitter la Belgique. La Kreiskommandantuur de Roselaere (Flandre occidentale) a établi une attestation permettant à quatre nomades d’entrer en France. Ceux-ci ont séjourné quinze ans en Belgique où ils ont reçu leur dernière carte de nomade. Pohl qui représente l’Oberfeldkommandant signifie le 4 juin 1942 au préfet de la région que l’administration française n’est pas tenue de s’y conformer. Chaque Etat garde donc ses Tsiganes ou bien dans tous les cas, refuse ceux des autres, ce qui se traduit dans une continuité. Cela va se vérifier avec les Modis, des Tsiganes norvégiens » (Heddebaut, 2018, p. 70).

La famille Modis, présente en Belgique depuis plusieurs années mais sans autorisation de s’y fixer, a tenté de retourner dans sa Norvège d’origine début janvier 1934. S’en suivit un ballotement d’un pays à l’autre (Suède, Danemark, Allemagne) où ils se virent successivement refuser l’accès aux territoires par lesquels ils voulaient transiter. La Norvège avança même que la famille ne pouvait prétendre au retour car leur absence prolongée avait causé la déchéance de leur nationalité. La police allemande finit par ramener les Modis à la frontière belge en 1934 :

« Les pourparlers n’aboutissent pas et ces familles restent en Belgique où elles sont finalement tolérées, mais à plusieurs conditions : ne pas circuler en roulotte, ne pas se livrer à la mendicité, ne pas se joindre à d’autres groupes et enfin, se fixer dans une localité avant le 10 avril 1934. Elles vivent sous le régime des cartes de nomade régulièrement renouvelées, la dernière leur étant expédiée le 12 octobre 1943 à la brigade de gendarmerie de Maubray, près d’Antoing (Hainaut), période qui correspond aux rafles des Tsiganes. Cette résidence forcée en Belgique va leur faire partager le sort des déportés de Malines et, par là même, l’histoire du convoi Z du 15 janvier 1944 » (Heddebaut, 2018, p. 71).


Références :

  • Heddebaut, M., (2018). Des Tsiganes vers Auschwitz. Le convoi Z du 15 janvier 1944. Editions Tirésias.