Si le traitement des Tsiganes pendant la deuxième guerre mondiale commence aujourd’hui à faire l’objet d’une reconnaissance officielle, beaucoup ignorent que ces persécutions se sont inscrites dans une longue histoire de rejet et de discriminations perpétrées à l’encontre des communautés tsiganes d’Europe.

Historiquement, les premières traces de l’arrivée des Tsiganes en Europe orientale remontent au XIIe siècle. Lorsqu’aux alentours du 15ème siècle, les Tsiganes ont atteint l’Europe occidentale en nombre, les populations locales les ont généralement accueillis avec bienveillance, et avec un mélange de curiosité et d'amusement. Cependant, cette hospitalité ne fit pas long feu, car leur itinérance a rapidement inquiété les autorités locales. Il faut savoir qu’à l’époque, la migration était acceptée tant qu'il ne s’agissait pas d’un mode de vie : elle devait être temporaire et structurée, et faisait déjà l'objet d'un certain contrôle. « Seule la migration englobée dans une structure institutionnalisée, comme les pèlerinages, le compagnonnage ou le travail saisonnier, est admise. Les autres voyageurs, dépourvus d’un tel ‘alibi’, sont considérés comme des vagabonds et des gens sans aveu. Bientôt, les Tsiganes sont répertoriés dans la catégorie des vagabonds nuisibles à l’ordre public et sont traités en conséquence » (Nezer, 2011, p. 26).